►Cette beauté est une Marine? Kusooo!◄ {Pv Zaï Lan Johns♥}

Zaï Lan regardait la neige tomber sur North Blue, les flocons se fondre dans la mer calme, le vent les faisant danser dans de petits tourbillons. Enroulée dans une couverture, assise, la tête contre le hublot, l'officier de Marine écoutait le son diffus d'un gros gramophone. Le disque tournait sur lui-même avec lenteur, absorbant de temps à autre les yeux de la jeune femme lorsqu'ils se détachaient du paysage. Entre ses doigts fins, un thé refroidissait lentement. Elle éternua. Un léger reniflement s'en suivit. Aujourd'hui, Zaï Lan avait officiellement la crève et maudissait l'île glaciale dans laquelle elle avait été affectée. Son front un peu fiévreux s'inclina sous une quinte de toux. Et, par hasard, ses yeux se fixèrent sur l'amas de feuilles et de livres qui constellait les abords de son lit. Déposant rêveusement la tasse presque froide, Zaï se pencha. Elle écarta de ses mains quelques parchemins; un encrier quelque part se brisa, et enfin la photographie fut dégagée. Il s'agissait d'un avis de recherche. La malade le prit et se redressa. Le regard farouche d'un homme défiait le photographe sous une tignasse brune. Un sourire léger vint aux lèvres de Zaï Lan, qui en d'autres temps, et si elle était en pleine possession de ses moyens l'aurait rendue verte de rage. Sous l'image, un "Dead or Alive", avec une légère bavure d'encre était inscrit "Heihashi D. Shuuhei". Zaï desserra les doigts et abandonna la feuille. Son esprit de nouveau absorbé par la neige... ou peut être par un souvenir...

Cela s'était passé deux ans plus tôt.

Zaï Lan Johns était encore un soldat inconnu et accessoirement en pause café. Quelques mois plus tôt, Zaï Lan avait réussi son examen de médecine, et était entrée dans la marine pour, disons le nettement: gagner du fric. Se faire un nom en disant avoir soigner un Amiral connu ou sauver un pirate pour ensuite l'offrir à un bourreau célèbre... c'était plus classe que de se dire juste plouc moyen! Et même si ce que vous prétendiez était faux... au moins vous étiez dans la marine et à ce titre, personne n'allait prendre la peine d'aller vérifier la véracité de vos dires. Puisque vous avez survécu à des pirates, vous étiez probablement capable de découper en rondelle un quelconque fâcheux! Alors oui, ce n'était non pas pour des raisons altruiste ou à cause d'un quelconque passé troublé que Zaï Lan était entrée dans la Marine. Car non, Zai n'avait jamais été abandonnée, mutilée, ou victime d'une bande de pirates qui auraient assassiné violemment des parents cancéreux alors qu'ils cherchaient dans les poubelles de quoi la nourrir. Non. Pendant 13 ans, elle s'était contentée de survivre à ses frères et sœurs. C'était déjà pas mal. Loin de la traumatisée, elle y avait gagné armes et réflexes.

C'est ainsi que, pendant une pause, Zaï Lan abandonna la base et son coéquipier d'alors encore endormis à son poste, pour visiter le village de Torino. Mais loin de s'enorgueillir de l'immonde uniforme blanc (et salissant) qu'on la forçait à porter, Zai le troqua pour une robe verte et un shirt brun (au cas où, on ne sait jamais si on va effectuer une chute de vingt mètres et pouvoir conserver un semblant de dignité). Prudente autant que méfiante, Zaï Lan dissimula aussi ses armes sous sa robe, les coinçant à sa ceinture. Si elle avait eu le choix, elle aurait aussi aimé voler le granite marin dans la poche du colonel mais ce vieux loup de mers avait des réflexes de serpent, y compris dans son sommeil. Zaï Lan passa telle une ninja devant sa porte pour sortir sans être vue.

Dans le village, elle ne vit pas le temps passer, vagabondant, rêvant seulement aux richesses qu'elle amasserait, de quelle façon elle aménagerait son palais, qui prendre comme esclaves, quels patients choisir en priorité... Plutôt des vieux! Ils sont tellement attachés aux mois de vies qu'ils leur restent qu'ils seraient prêts à donner leurs petits enfants... Elle eut un rire sardonique qui fit retourner plusieurs badauds, éberlués. Oui Zaï Lan était un peu folle, un peu instable. Mais tellement géniale. Ah! Son sens des affaires la surprendrait toujours....

Mais, alors que ces pensées réjouissantes se bousculaient dans son esprit à demi malade, dévoré par l'Avarice qui rythmait sa vie, elle finit par sortir de Torino. A sa grande surprise, lorsqu'elle songea seulement à se retourner, elle était arrivée à la lisière d'un flan de montagne. Le roc massif lui faisait face, brusquement, comme sorti de nul part. La réalité la frappa ainsi avec force. Elle en resta ahurie quelques minutes. Il lui semblait, quelques secondes auparavant, déambuler dans les rues sablées du village. Mais non, elle avait bien traversé forêts, routes et collines. C'était... surprenant. Même pour son génie.

Zaï Lan s'avança légèrement dans le silence attentif. Et soudain, le propre bruit de sa semelle sur du bois sec la fit sursauter. Elle contempla la branche rompue sous son pied et leva, brusquement le visage sur quelqu'un qui l'observait. Au fond d'elle-même, dans les bas fonds de son subconscient, elle avait senti un regard peser sur elle. Peut-être un héritage du temps où, lorsqu'elle retrait dans une pièce, elle avait de forte chance de voir l'un de ses frères armé d'un couteau ?

L'homme qui se tenait devant elle se tenait immobile. Brun, de taille moyenne, des yeux dorés et... des ailes cotonneuses dans le dos. Zai le regardait un instant, comme frappée de stupeur. Non pas qu'il soit particulièrement beau, fort ou impressionnant mais cette expression farouche et sensible peinte sur son visage était époustouflante. Et ces ailes... elle n'en avait jamais vu de semblables. Petites, charmantes, angéliques. Ce garçon était différent de autres. Vraiment, il était... particulier. Tellement unique même, que Zaï, bien qu'elle sentit une présence néfaste foncée sur elle n'osa pas cligner des yeux, de peur que cette apparition ne disparaisse. Le temps semblait suspendu. Arrêté, presque tangible. Et soudain, il reprit son cours. Comme la fin d'un arrêt sur image très brusque. L'homme se trouva presque contre elle en moins d'une seconde. Pendant laquelle il poussa un hurlement, un oiseau massif planté dans l'omoplate. Il fut projeter par la force de ce rapace titanesque. Mais avant même que Zaï n'ait le temps de sortir son arme, un éclair avait balayé cet oiseau et l'avait réduit à l'état de poulet rôti. Sous le choc, la jeune femme, tourna sa tête brune vers l'homme, elle le vit tomber à genoux, s'agrippant l'épaule avec rage. Ses doigts se crispèrent sur la plaie, comme pour la faire saigner d'avantage.

Zaï Lan ressentit soudain un sentiment étrange. Une impression, plutôt, qu'elle n'avait pas ressentie depuis... l'avait-elle déjà ressentie ? Cela ressemblait au stress lors de son examen de médecine. Mais c'était plus fort, et dirigé non pas vers sa petite personne mais vers l'homme aux ailes blanches. Et cette force la fit bondir vers lui, s'approcher de son corps meurtri et, contre toute attente, elle s'entendit dire:


Elle remerciait ? Elle était cordiale ? Elle proposait même son aide. C'était insensé, idiot, impossible. Elle devait rêver. Au fond d'elle même, le petit être égocentrique et avare qu'elle était se débattait furieusement contre cette poussée d'humanité. De niaiserie plutôt qui la conduisait même à regarder ce pitoyable emplumé comme un sauveur, un prince charmant éclatant de beauté et de sagesse alors qu'il refusait des soins .... gratuits! Sur ce, après avoir donc décliné l'offre, l'homme sans se présenter - Illustre malappris! Mais même de cela, Zaï ne s'en redit pas compte - lui proposa de l'emmener chez elle. Avec un sourire béat et sans la moindre intelligence, elle accepta. Et guidée, par un homme qu'elle ne connaissait ni d'Eve ni d'Adam, elle retrouva la route de Torino. Là, elle entra dans un simple baraque, puis dans un salon un peu spartiate qu'elle trouva, sur le moment, absolument ravissant. Il lui proposa de l'eau, grimaça, la fixa bêtement, lui aussi et lui envoya un regard aussi vitreux que le sien. Dans cet ordre où presque, Zaï Lan n'était pas certaine de ses souvenirs. Elle se leva alors et lui proposa sérieusement de veiller à sa blessure.

Et étrangement, une part de l'enchantement qui avait pris Zaï Lan jusque là se dissipa. Sure d'elle, le brouillard devant ses yeux se dilua dans le sang qui coagulait difficilement autour de la plaie de cet homme. Le tissu détrempé collait à la chair à vif, une grimace très professionnelle glissa sur le visage de la jeune femme. Elle poussa un léger soupir - peut-être une réminiscence du fait qu'elle n'avait demandé nulle caution ? - et écarta légèrement le T-shirt sanguinolent qui refusa de s'ouvrir d'avantage. Un peu brutale, elle le déchira autour de la plaie.


Sur ce, Zaï examina avec le peu de lumière, le sang qui affluait. C'était superficiel mais potentiellement infecté par le piaf qui ne devait pas se brosser les dents tous les jours... le médecin conclut donc.

Zai Lan épongea un peu du sang qui coulait de la plaie avec un mouchoir blanc, tout droit sorti de sa poche. Relativement propre, il risquait pourtant d'infecter la blessure du garçon mais c'était probablement mieux que de le voir arriver dégoulinant au QG, comme un vulgaire pirate.... remarque, elle pourrait toujours le présenter comme faisant partie de ses heures sup' et demander une compensation financière pour ce pseudo-captif...

Le jeune homme se dégagea du canapé, légèrement chancelant, peut-être sous le coup d'une révélation inattendue, comme par exemple la présence d'une base Militaire sur l'autre bout de l'île. Il fallait dire que les quelques officiers et soldats qui peuplaient ce bâtiment délabré étaient les pires feignasses qu'il n'avait jamais été donné à Zai de rencontrer. Ils passaient le plus clair de leur temps à faire du majong sur les remparts ou à dormir là où ils le pouvaient. Si un jour, un monstre marin venait à détruire le village voisin, personne ne s'en rendrait compte, tant cette base était hermétique à ce qu'il se passait autour. Certaines bourgades de l'île devaient même jusqu'à ignorer la présence de ces erreurs de la Marine de part leur inactivité cuisante. Mais pour le moment, aucun haut gradé n'était aller remettre de l'ordre dans cette base et ce n'était certainement pas Zai et son salaire misérable qui allait daigner sans occuper. Elle était coincée ici trois mois, ce temps terminée, elle serait affectée à une autre trou perdu quelques part sur les mers bleues.


Parfait, il fait lui aussi partie des ploucs ignorants de cette île. Mais pas n'importe quel plouc: le jeune homme se déplaçait avec assurance désormais, remis de cette découverte qui finalement était loin d'être époustouflante. Dans une commode, il entreprit de se trouver un nouvel habit, faisait saillir ses muscles. Zaï se perdit dans cette contemplation, n'osant rien dire, de peur de lui faire trouver plus vite de quoi se vêtir. Il ressemblait un peu aux hommes qui posaient nus sur les calendriers accrochés aux murs de sa cabine... mais en plus original peut-être. Sous doute était-ce dû aux petites ailes blanches qui lui sortaient du dos. Le sang n'avait pas encore maculé leurs plumes éclatantes, lui donnant un air si pur.... Ravissant.

Il se retourna vers elle. Brusquement, le visage de Zaï Lan perdit cet air lubrique pour un sourire un peu forcé. Quels pectoraux! Quels abdominaux! Charmants! Irrésistibles. Non! Il fallait arrêter de le regarder avec cet air assoiffé, cette expression de rapace devant une souris dodue, il risquait de prendre peur! Et puis quoi! Un peu de tenue! C'était indigne d'une jeune fille n'est-ce pas ? D'ailleurs, la bienséance de ce garçon la sauva, il revêtit son T-shirt, son instinct l'ayant peut-être sagement poussé à réagir. Mais ce n'était probablement pas son intelligence qui l'avait incité à faire une telle chose: pourquoi salir un nouveau vêtement avec tout le sang qui bouillonnait encore de sa plaie ? Enfin! Les garçons – Zaï le savait malheureusement – n'étaient pas doués pour réfléchir avant d'agir.

D'un geste leste, Zaï Lan se leva du canapé tandis que le jeune homme se dirigeait vers la sortie en se débattant dans son T-shirt. Debout, elle resserra machinalement ses armes à sa ceinture dans un tintement de métal scintillant et tranchant... quel bruit mélodieux! C'était comme une chanson céleste à ses oreilles, un son délicat et élégant, héraut des enfers, présage de la mort de ses ennemis. Sublime... Une pensée joyeuse lui traversa l'esprit, comme un souffle divin: Qui avait-elle tué la première fois avec cette arme ? Sa soeur Arya peut-être ? Oui! Cela c'était passé dans le patio de leur palais lorsqu'elle avait 9 ans. C'était un passage fort amusant de son existence, elle s'en souvenait bien. Elle était en train de soigner les plantes carnivores laissées par Abélia qui venait de quitter la maison pour étudier. Sa traitresse de cadette s'était approchée pour la pousser dans la gueule grande ouverte d'une magna horribila, sans état d'âme. Fort heureusement, elle avait vu sa silhouette fondre sur elle dans le reflet de la glace et lui avait, d'un revers de l'un de ses cercles, ouvert le crâne en deux. Puis, le corps avait disparu de la serre, probablement du fait de l'appétit charmant de végétaux....

Son enfance avait été tumultueuse mais riche en péripéties, si bien qu'elle avait formé Zaï contre toute forme d'assassinat et avait forgé ses réflexes de survie. Elle se mouvait désormais dans le corps d'une véritable ninja. Ce qui de toute évidence n'était pas le cas du garçon qui restait debout, immobile et pensif sur le pas de la porte. Sur son beau T-shirt enflait une tâche sombre. Le sang coagulait mal pour le moment... ce n'était pas tant un problème, mais ce serait nettement moins amusant pour Hei lorsque le tissu aura fait corps avec la plaie... miam. Mais c'était un homme n'est-ce pas ? Il saura endurer la souffrance! Et de toute façon, il valait mieux pour lui, car au prix où se vendait la morphine nécessaire aux opérations il faisait bon être résistent!

Zaï Lan resta immobile, pendant que, dans l'encadrement de la porte, il se tenait toujours droit, les yeux fixés dans le lointain. A quoi pouvait-il donc penser ? Attendait-il quelque chose ? La jeune femme respecta donc ce silence de sa part en jetant un coup d'oeil à la petite pièce, à la fenêtre qui donnait sur la verdure de l'extérieur, au vieux canapé, aux murs blancs sans décoration... On était bien chez un homme célibataire. Cette pensée sembla la ravir, si bien qu'un sourire amusé se dessina sur ses petites lèvres. La voix du garçon la tira de ses pensées.


Et pour cause. La Zaï Lan actuelle qui était assise dans sa cabine avait ce nom gravé dans son cerveau. Cet exécrable patronyme qui lui étreignait le coeur lorsqu'elle y pensait, qui raidissait ses muscles, qui la rendait folle.

Elle poursuivit:


Avec stupeur, la jeune femme constata que sa voix était moins grave et ténébreuse qu'à l'accoutumée, plus claire et plus enthousiaste comme celle d'une.... fille. C'était pathétique! Elle avait presque honte d'une telle niaiserie. Ses joues s'empourprèrent et elle bissa la tête pour dissimuler son visage sous ses mèches noires. Comme un automate, Zaï Lan se dirigea vers la porte, se glissa contre la chambranle et sortit à l'air libre. Ses poumons se gonflèrent goulument du vent frais.


Lança-t-elle à l'homme derrière elle avant de se hâter d'un pas leste sur le petit chemin. Ses sens aux aguets, elle ne comptait pas se laisser prendre par surprise par un autre oiseau suicidaire.


Demanda Zai, sinistrement, comme lors d'un interrogatoire musclé. Mais de cela, elle ne s'en rendit même pas compte, tant elle était absorbée par les herbes hautes qui dansaient inexplicablement la Java quelques mètres plus loin.... Tout en continuant d'avancer sur la terre battue, elle détacha négligemment l'une de ses armes des crochets à sa ceinture. Ses doigts fins se replièrent sur le centre du cercle de fer.

Mais ce ne fut que lorsque le chemin se tordit en un coude serré, que des herbes hautes, une créature surgit, toutes griffes, toutes dents dehors. En appuie sur ses jambes, Zaï Lan détendit ses muscles d'acier pour bondir dans les airs, à la rencontre de cet agresseur. Vu de près, ce n'était, ni plus ni moins qu'un gros félin d'environ 2 mètres et particulièrement bien pourvu niveau canines démesurées.


Le cercle s'abattit sur la base du coup de l'animal qui retomba raide mort sur le sol. Zai s'étira négligemment et poursuivit sa route en nettoyant son arme avec un certain mouchoir blanc....